(Actualisé avec mise en examen)
L'auteur du meurtre d'un homme d'origine tunisienne à Puget-sur-Argens (Var) a été mis en examen pour "assassinat en relation avec une entreprise terroriste en raison de la race, l'ethnie, la nation ou la religion", a annoncé jeudi le Parquet national antiterroriste (Pnat).
L'auteur de l'homicide, Christophe B., 53 ans, de nationalité française, a nié en garde à vue toute "motivation raciste" et "intention terroriste".
Dans un communiqué ultérieur, plus tôt dans la journée, le Pnat a précisé avoir requis, outre la mise en examen, le placement en détention provisoire du suspect pour assassinat ainsi que "tentative d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste, en raison de la race, de l'ethnie, la nation ou la religion" et "association de malfaiteurs terroriste en vue de la préparation d'un ou plusieurs crimes d'atteinte aux personnes visés au 1° de l'article 421-1 du code pénal".
L'article 421-1 détaille les infractions pénales ayant "pour but de troubler gravement l'ordre public par l'intimidation ou la terreur".
Hichem Miraoui, un quadragénaire qui exerçait la profession de coiffeur à Puget-sur-Argens, a été abattu de plusieurs balles au thorax le 31 mai au soir devant son domicile par Christophe B., l'un de ses voisins. Il était né en 1979 en Tunisie.
Le tireur s'était filmé avant l'acte en proférant des propos racistes. Il a également blessé à la main un Kurde de nationalité turque. Il avait été arrêté peu après les faits par des gendarmes, alertés par son épouse, alors qu'il avait pris la fuite en voiture. Plusieurs armes à feu ont été retrouvées dans son véhicule et à son domicile.
AUCUNE "ANOMALIE MENTALE"
Le Pnat a détaillé jeudi les circonstances du "périple criminel" de Christophe B.
Au terme d'une journée avec son épouse et un couple d'amis marquée par la consommation d'alcool, il a regagné vers 22h00 son domicile à Puget-sur-Argens dans "un état d'énervement important". Ce tireur sportif, qui possédait plusieurs armes, a d'abord ouvert le feu chez lui, "sans viser personne".
Il a ensuite pris sa voiture et a croisé Hichem Miraoui, qu'il a tué, toujours au volant, "en tirant dans sa direction à plusieurs reprises". Il s'est ensuite garé devant le logement d'un second voisin et a tiré plusieurs fois en direction d'une baie vitrée avant de partir.
Les deux occupants du lieu sont sortis, Christophe B. est revenu à leur hauteur et a tiré deux fois dans leur direction, blessant à la main l'un d'eux, un Kurde de nationalité turque né en 1990, avant de prendre la fuite.
L'homme a ensuite enregistré et diffusé sur Facebook quatre vidéos dans la nuit de samedi à dimanche dans lesquelles il déclarait notamment "avoir dégommé les 2-3 m***** qui étaient près de chez" lui. Il a finalement été arrêté à un barrage routier par le GIGN, le Groupement d'intervention de la gendarmerie nationale.
Le suspect, sans enfant et sans emploi, a subi un examen psychiatrique qui n'a mis en évidence "aucune pathologie ou anomalie mentale", a précisé le Pnat.
Christophe B., qui revendique sa proximité avec l'extrême droite, diffusait depuis des années sur les réseaux sociaux sa haine de la communauté arabe et des "islamiques".
La saisine du Parquet national antiterroriste pour cet homicide xénophobe considéré comme un acte terroriste est une première depuis sa création en 2019.
(Rédigé par Sophie Louet, avec la contribution de Layli Foroudi, édité par Blandine Hénault)
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